
J'ai un peu lâché the pillows après Pied Piper et OOPARTS, bien malgré moi. Fan du groupe depuis ma première heure jmusic, via la découverte faite grâce à l'anime FLCL d'un univers musical complètement dément et pourtant ancré dans une simplicité musicale qui pousse à l'admiration. J'avoue avoir été déçu par le pillows post-My Foot, et le groupe semble avoir du mal à ressortir un album qui défonce tous les précédents après ce dernier qui figure parmi leurs meilleurs, loin devant les albums de fin'90 qui avaient marqué leur entrée de plain pied dans le rock "jeune". J'ai peur encore une fois de retrouver un groupe qui ne sait plus innover et un album qui tombe à plat pour cause d'homogénéité trop mal gérée...

Avec Revival, le premier morceau issu de Trial, on est donc parti pour un riff qui débute fort et va vous rester dans la tête. Comme d'habitude avec the pillows, le morceau qui lance l'album est communicatif et le refrain prévisible mais ô combien défoulant ! Avec ça un solo de la part de l'ami Manabe et ça y est, on tient un hit.
D-E-L-I-G-H-T!
S-A-D-N-E-S-S!
Et pour ne pas avoir à caser des paroles avec un vrai sens, Sawao se lance dans un refrain complètement épelé, du jamais vu. À noter également que le morceau est chanté intégralement en anglais !
Can we start newly again?
R-E-V-I-V-A-L.
Apparemment, on est parti pour s'éclater, être malheureux, et enfin revivre. Un avant-goût de la suite ?
Un semblant de dédjavou, de déjà entendu, Rescue qui suit est un morceau entre rock et pop comme on en a entendu cent fois dans leur carrière. Ah tiens, non, une voix féminine nananane pendant le refrain et accompagne la voix subitement adoucie de Sawao, est rejointe par des arpèges à la guitare : ici on fait des refrains à la Coldplay et on l'assume! C'est dans l'esprit de In my place. Le morceau garde toutefois une forte identité pillows.
Le dernier single du groupe, Cosmic Sonic, rappelle leurs anciens morceaux : le riff couplet a un quelque chose de Dead stock paradise. Le refrain quant à lui pompe quasi intégralement la mélodie d'un morceau déjà composé par le sieur Yamanaka, impossible de me rappeler si c'est du Predators ou du pillows à l'origine et encore plus du nom du morceau ! Nanananananananananaaaa... et ça reste en tête, on va dire Mission Complete alors ? Flashback story complètement en opposition avec le morceau précédent est groovy à n'en plus pouvoir, et sa production sonne volontairement vieillie, presque Rockabilly. La basse de Jun ultraprésente, bondissante, nous entraîne dans un boogie infernal ! C'est bien simple, les épaules bougent en rythme et nous entraînent dans une danse de chaise sans qu'on ne le veuille à l'écoute de ce morceau ! Le second single est lui aussi dans le genre Coldplay, mais complètement endormi. Energia se déchaîne après quelques arpèges, se relâche lors du couplet, et repart sans qu'on s'y attende en plein milieu. Encore un tube en puissance, et avex l'a bien compris apparemment.
La deuxième partie de l'album est la plus intéressante. Mais elle débute somme toute assez mal, et malgré son titre à rallonge, Polaris no etc. (le titre est vraiment trop long et mon japonais carrément à chier) ne décolle pas. D'une molesse affligeante et pourtant attachant, ce titre se distingue par une basse anémique, les quelques notes de guitare et la mélodie servant ici de piste d'atterrissage à usage unique. Non monsieur, le vol pour Kifftown est bloqué au sol, décollage quand les minorités daigneront bien murmurer quelques mots au capitaine. Et bam ça ne rate pas, et avec Minority whisper on part fort dès le départ, on s'élève dans les airs en buvant un jus de pomme à la paille. La guitare rythmique est déchaînée (bon, on reste dans du jrock à la pillows, y'a déchaîné et déchaîné donc), la basse de Suzuki accompagne le rythme en double-croche. La partition de guitare solo n'est pas sans rappeler les quelques notes de Thank you my twilight (mais si, rappelez-vous, l'expérimentation électronique de 2002... la sonnerie de votre vieux Nokia !), et le refrain est définitivement à classer dans les meilleurs du groupe même si on y retrouve encore une fois (une de trop ?) les mêmes partitions de basse/guitare rythmique et de chant.
But see yourself of yesterday.
Imagine yourself of tomorrow.
I'm tired with a word of the guy who can't do that.
Mais après tout, le but est atteint et le morceau s'inscrit réellement comme un titre nouveau du groupe et non une repompe éhontée.
I want to see through the truth.
And I'd live.
Et avec ça des paroles qui vont font prendre conscience de choses plus importantes qu'un constat habituel : les paroles anglaises dans le jrock sont quand même assez torturées du point de vue grammaire... Ensuite, on retrouve avec Mochinushi no nai guitar une ballade classique à la pillows, ou pas exactement. Le morceau dure tout de même 7 minutes, sans longueurs ni sensation d'ennui. La voix de Sawao pleine de tendresse nous transporte au fil de la portée, la guitare tout en arpège pave la route de panneaux pleins de bons sentiments, et la basse, la batterie de Shinchan et la guitare rythmique y ajoutent un brin de couleur parce qu'on n'est pas non plus à Mormonville. Le petit break au milieu du morceau rappelle même l'album Smile et son titre éponyme à peu près aussi long. À la différence qu'après ce break, Polaris conserve tout son calme quand l'autre se déchaînait et envoyait du Kuttabare ningendomo à tous les vents.
Le morceau-titre de l'album se voit rejeté en avant-dernière position, on ne sait trop pourquoi. Il ne fait pourtant pas pâle figure et l'intro, qui sert également de transition à la fin du refrain pour amorcer le couplet suivant, est sa plus grande force. Elle relance le morceau et donne une nouvelle dimension à un titre qui sans lui, n'aurait pas été aussi bon. Le solo du morceau fait même penser à ce que Sugizo pouvait faire dans Luna Sea dans les grandes années du groupe, tout en douceur et en technique.
Vous avez dit bluesy ? My Taiji, mais l'intro de Ready Steady Go! décape tout net ! On tire à vue en envoyant du lalala en choeur, on relance le rythme et on finit l'album avec une énergie rarement entendue ailleurs ! Busters! Il y a du Finger post of magic, une inspiration Little Busters à peine dissimulée, le métronome s'affole et se dérègle, le groupe s'éclate encore après plus de 20 ans de carrière et ça s'entend. Après ces quelques minutes de digression, le morceau repart sur un finish blues bien comme il faut. Histoire de clore un album en beauté et ne laisser aucun doute subsister quant à la forme d'un groupe qu'on sentait en perte de vitesse.
Everyone is born and is just dying.
Will it soon finish?
Ready steady go! Ready steady go!
The old days ~reprise~ aurait pu être un titre plus intéressant que ce Procès dont l'issue était décidée avant même la fin. Le groupe ne crache pas sur son histoire, innove encore un peu, et sait encore déclencher la larme nostalgique de l'amateur éclairé, ou plus simplement de l'amoureux de Rock Joyeux qui trouvera une chaussure un peu terne à son pied. Mais un coup de cirage de pompes (ici de repompage) et ça repart. La vieille recette fait encore le succès du groupe et il n'est pas si étonnant que le groupe soit encore si prisé aux Etats Unis. En l'attendant avec une hâte mal contenue, quand il se décidera bien à vouloir passer dans la vieille Europe aux rides pas si attirantes que ça apparemment, pour un groupe de quadras qui ignorent encore la signification du verbe "vieillir".
source de l'imageChronique écrite pour JaME.
(première version, non parue)
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