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15 septembre 2011

ALICE COOPER - Welcome 2 my nightmare

Alice Cooper nous invite dans son cauchemar. Une nouvelle fois.

Le Vincent Damon Furnier qui avait évolué en mode grunge au début des années 90 avec The last temptation, puis avait touché au nu metal à l'automne du 21ème siècle avec Brutal Planet puis Dragontown, était finalement revenu à ses racines via le tryptique The eyes of Alice Cooper / Dirty Diamonds / Along came a spider. Cette période passée, ne perdant pas de vue que l'évolution musicale est ce qui a fait sa pérennité, Alice Cooper revient avec ce Welcome 2 my nightmare. Après avoir renoué le contact avec les anciens du Alice Cooper Band, il nous expliquait avoir décidé de faire une suite à Welcome to my nightmare, et que le cauchemar serait pire que le premier. Continuité ?

L'album

C'est en tous cas ce qu'on peut penser en entendant la reprise du thème "Steven" au piano sur le premier morceau de ce vingt-sixième album -quarante-cinq ans de carrière tout de même !-, mais Alice est toujours là où on ne l'attend pas : c'est en effet à l'autotune que sa voix se déploie ! I am made of you, composée par Desmond Child, dépeint avec ce morceau cauchemardesque à la Daft Punk, un Alice Cooper en mode glam, avec des paroles franchement gnan-gnan-bâteau.

In the beginning I was blind, living in a world devoid of light
In the beginning there was only night
I was shattered, left in pieces and I felt so cold inside
Then I called you from the darkness where I hide
I am made of you

La collaboration Child / Cooper passée, on peut déboucher sur quelque chose de concret. Alice a peur de s'endormir. Le cauchemar n'est pas loin, il arrive... pour ne pas dormir... une seule solution !

Caffeine! Caffeine!
Amphetamine, a little speed is all I need
Caffeine! Caffeine! (Wooh wooh wooh...)
I won't sleep at night I won't rest my head
'Cause I realize if I shut my eyes I'm gonna wake up dead

Ce morceau qui n'aurait pas fait pâle figure dans un album comme Constrictor, tout ponctué d'un son bien eighties aux guitares déchaînées, possède une rythmique endiablée, comme un abus de... Caffeine! Caffeine! Enfin, l'inquiétude prend son envol, le cauchemar va reprendre où il s'était arrêté en 1975 après l'échappatoire d'Escape. The Nightmare returns est une comptine à la Welcome to my nightmare, dramatique, où le côté théâtral du Coop' se réveille enfin :

I’m a little tired and feeling hazy
I just need to rest my eyes
But I won’t go to sleep because it’s crazy
What happens to me in the night
'Cause when I go to deep into my slumber
Ugly faces, awful places I don’t want to go... no…

Luttant pour ne pas s'endormir, Alice se laisse finalement aller et embarque contre son gré sur le Runaway Train.

All aboard!
Watch your step, people.
Last call for The Nightmare Express!

Jouant avec les codes du cauchemar originel, le petit frère Welcome 2 enchaîne sur un réveil en terra incognita, seul sur la planète. Profondément enfoui dans les années 70, ce Last man on earth est un morceau qui semble tout droit sorti de Lace & Whyskey et sonne très country. Il semblerait qu'Alice va nous bazarder morceau après morceau tout ce qui lui fait faire des cauchemars...

I don't know why my whole world came crashin' down
I just woke up in lonely town
I opened up my eyes and much to my surprise
Look out there's heaven that I've found!
I'm the last man on earth,
So tell me what it's worth.
Am I a beggar or a king?
Got no trouble, got no time,
Eternity is mine!
I got a whole lot of everything!
I can take this town
And just burn it to the ground!
Smash every window that I see!
I can smoke, I can drink,
I can swear an' I can stink!
There ain't no one to bother me!

Ce Last man on earth est sûrement LA perle de l'album. Un pied phénoménal, digne de figurer dans vos top écoutes last.fm, un morceau en mode piano bar banjo complètement délirant, avec des paroles à vous faire hérisser les sourcils. Alice est à sa juste mesure, sa voix s'adapte parfaitement à l'histoire qu'il conte, pour être parfaitement subjectif (pas le choix avec lui), c'est le meilleur morceau depuis biennnn longtemps !

Les featurings ne manqueront pas le long de cet album : Alice fait appel à Rob Zombie pour le morceau suivant, The Congregation, sorte d'enfer polytechnique, une satire cinglante de notre société actuelle, bourrée de télémarketeux, de religion "défroquée" et d'avocats véreux... Rob y fait une courte apparition, presque un featuring de passage -hey mec, désolé, j'ai un Hell train à choper, je fais que passer ! *fait sa partie* *ting-douuuu* "Nightmare express, gare de Cerbère, deux minutes d'arrêt !" see ya Alice !

Welcome to the congregation
I hope we meet your expectation
So thanks for dropping by here
We're really gonna try here
But in the end you know you're gonna fry, fry, fry, here
Umm.. excuse me Sir, is there a bathroom here?

Alice se laisse alors séduire par la première succube venue. Sur un morceau digne des Stones, basé sur un très bon riff seventies, break au piano, solo, et on repart comme si de rien n'était. I'll bite your face off a tout pour être un hit, c'est à s'en faire arracher la tronche avec les dents, tu sais que j'en suis capable p'tit gars !

She pushed me down on a burning bed
This wasn’t heaven, but instead
She turned her head and she softly said
I’ll bite your face off!

À partir de là, le cauchemar semble bien plus présent : après une parodie au trente-huitième degré disco/hip-hop et un ascendant Beach Boys/Blink182, la Succube a fait son œuvre et le Coop' semble bien avoir perdu la tête... en plein délire, on sait s'éclater chez les goules et on ne s'en prive pas !

Oh no, here we go
Disco who? Disco what?
Get down on your knees and keep your trap shut!
Disco this! Disco that!
When dis goes to hell, that's where we're at!
Where we're at
Disco bloodbath boogie fever! Disco bloodbath boogie fever!
Bodies here bodies there
Piles of bodies everywhere
On the chairs on the door
Disco bloodbath on the floor
Ghouls gone wild, wilder than before
We had a little taste and now we need a little more
Ghouls gone wild, screamin' in the night
We're feelin' kinda hungry and we came in for a bite

Jamais un morceau disco n'avait eu un tel solo de guitare. Rien que pour ça, merci Alice !

Et comme tout un chacun le sait, perdre la tête pour une femme vous fait dire des choses bizarres, especially if a ghoul or succube. Du coup, le Coop' se laisse aller aux confidences et à une reprise éhontée de You & Me qui aurait fricoté avec Only women bleed avec ce Something to remember me by dégoulinant de mièvrerie mal placée.

Baby, I may be gone tomorrow
But I'm here with you tonight
I'll be holdin' you 'til morning light
And baby I'm gonna watch you wake up
Scattered clothes across the floor
And hear you whisper to me,
Love me again once more before we say goodbye
All I wanna say is I
I just wanna give you somethin' to remember me by
I won't be gone forever and our love is for all time
I want to give you somethin' to remember me by

Au grand dam du cauchemar, ce morceau rompt le rythme qui avait été introduit par les précédents, et on éprouvera les plus grandes difficultés pour le retrouver. On peine à remonter dans le Nightmare Express, et on loupe la marche avec When hell comes home, définitivement trop banal malgré des paroles inspirées, peignant le portrait d'une famille bizarre, sans aucun rapport avec le cauchemar à la base de l'album... une digression onirique mal inspirée.

Mommy hides her bruises all the time
She always makes excuses, but I know that she is lyin'
Mommy says that everything is fine
That's just the way it is, he's evil to the bone
Mommy says that everything is fine
Yeah, that's just the way it is when we're left alone
'Cause that's when hell comes home
I hear those footsteps on the stairs
Mom's bleedin' out, oh, maybe she don't care
We live in darkness and despair
I'm just so tired of bein' scared
Daddy's gonna get a big surprise
I'll put one right between his eyes
And with his blood, I'll write his last goodbyes

C'est alors que le duo le plus surprenant vient remettre en place le tout, et qu'une Ke$ha dopée à l'électro-pop vient donner la réplique en tant que précédente succube à un Alice de retour en plein cauchemar, What baby wants baby gets... est un m-m-m-m-monsterkill d'électro-pop-rock dans ta face, seriously.

Not a damsel in distress, she's the devil in a dress
She's gonna stay with you
She's gonna play with you
It's one thing you can bet
'Cause what baby wants (What baby wants wants wants)
Baby gets (She's gonna gonna gonna get)

Alice justifie d'ailleurs plutôt bien sa présence dans une interview, expliquant : "I sometimes rebel against my own fans. When my fans come up to me and go, “You can’t have someone like her on your record.” Then I go, “I can’t? Why?” [...] When I met her [Ke$ha], I had an idea for a song. I needed a character to play the devil. In the song, she finally has enough, and its time for Alice to pay her with his soul. We decided to call it ‘What Baby Wants Baby Gets” because in the song he tries to say, “Hey, that wasn’t part of the deal” and she says, “No, no, no, you don’t understand, what baby wants, baby gets!” For me, it was a perfect line for her to say..."

Finalement, revenant à la raison, Alice décide qu'il doit foutre le camp et en vitesse. I gotta get outta here clôt l'album dans ce qu'il avait de nouveau, bouclant l'histoire avec un dialogue entre Alice et un choeur improvisé.

I gotta, gotta get outta here
They say isn't the message clear to you yet, sonny
[Choeur:] "What part of dead don't you get?"
[Alice:] "Nah.. excuse me?!?"
[Choeur:] "What part of dead don't you get?"
[Alice:] "Whoa whoa whoa w-wait a minute"
[Choeur:] "What part of dead don't you get?"
[Alice:] "I'm sorry, are you talking to me?"
[Choeur:] "What part of dead don't you get?"
[Alice:] "Hey I signed on for a nightmare.."
[Choeur:] "What part of dead don't you get?"
[Alice:] "Really. I mean that's a little drastic don't you think?"
[Choeur:] "What part of dead don't you get?"
[Alice:] "I don't.. I.. I.. hey.. whoa..."
[Choeur:] "What part of dead don't you get?"
[Alice:] "I get it.. but, but I don`t get it.."
[Choeur:] "What part of dead don't you get?"
[Alice:] "I'm sinking here.. Hello?"
[Choeur:] "Yeah yeah yeah"

Ce morceau ne sonne pas l'heure du réveil, mais bel et bien le glas. Le King of Shock Rock est mort, vive le roi!

La vraie piste finale de l'album est ainsi pleine de puissance et de nostalgie, puisque The Underture est un concentré de tous les thèmes de Welcome to my nightmare, medley symphonique diffusé sous morphine à un Alice Cooper complètement vidé de l'effort apparemment déployé pour tenter d'égaler le prédecesseur, en vain. Ce glas est la plus belle mort de l'artiste. Ever.

Musicalement, cet album n'a aucune logique. Les paroles en font un concept album intéressant, à la manière de l'illustre aïeul Welcome to my nightmare et du précédent Along came a spider.
Mais s'il conserve les codes du premier, il hérite hélas des failles du second : les couplets semblent bâclés, écrits à la va-vite, et on peut déplorer qu'aucun thème musical ne soit repris au fil des pistes. Malgré toute l'attention portée sur les refrains au pouvoir catchy indéniable, cet album peine à se hisser au top. Alice aurait-il été trop ambitieux avec ce Welcome 2 my nightmare qui ne mériterait que le titre de Welcome 1.5 my nightmare, Welcome to my nightmare étant lui, ponctué de morceaux tubesques dans leur entièreté ?

Ce serait sans compter sur l'incompréhensible pouvoir du nouveau Alice Cooper, qui vous entraîne dans sa folie et vous force à chanter à tue tête sur ces refrains qui vous emportent, toute camisole dehors. Les solos et les riffs bien inspirés y sont également pour quelque chose ! Ce pouvoir hérité de Along came a spider est lui aussi indéniable : l'alchimie fonctionne. Dès la première écoute, les Caffeine! Caffeine! et autres Baby wants, baby wants! doivent être exorcisés de suite sous peine de devoir les garder jusqu'à la prochaine relecture de la galette et de mourir étouffé sous leur poids!

Un pari ambitieux? Mais non, la réussite réside dans le fait que c'est loin d'être une suite, mais plutôt un autre cauchemar. Fait de morceaux sans suite -mais puisqu'on vous le dit !-, comme un rêve complètement décousu reconstitué par un cerveau à moitié actif. Bob Erzin in da place, again. Pour se faire une idée, le dernier truc qu'il a pondu pour le Coop', c'était Da Da. Et Dieu (pas Ichokaru) sait que ça a été un foirage commercialement parlant, mais ô combien expérimental. Ben là, c'est presque pareil, sauf que l'album aura un bon succès d'estime pour Last man on earth, I'll bite yo' face off nigga, le Bon Joviesque Caffeine et surtout Disco Bloodbath Boogie Fever qui est COMPLÈTEMENT délirante, et assumée en plus de ça. Ce mec est un Dieu (toujours pas Icho, pas déconner) et pis c'est tout. Et il aurait jamais dû repartir avec Desmond Child qui n'a plus la qualité d'un Trash, même si à l'époque cet album était plus une grosse blague qu'un vrai album de Alice Cooper.

En cela, Welcome 1.5 my nightmare (bawi.) se rapproche bon gré mal gré d'un bon opus : une tuerie où les cadavres s'enchaînent, plus malodorants les uns que les autres. Loin d'un chef-d'oeuvre musical, cet album est pourtant surprenant tant dans l'enchaînement complètement anarchique des morceaux que dans l'histoire qu'il nous livre. Les pistes s'enchaînent et ne se ressemblent pas, et c'est "tout naturellement" qu'on tombe de Charybde en Scylla, le cauchemar empirant morceau après morceau, avec un semblant de répit bien vain sous la forme d'une power ballad sans le côté power, qui rompt le rythme bien malgré elle.

Complètement calqué sur les années 70 et les dérives alcoolisantes du Coop' qui les suivent, c'est un best-of chargé d'histoire que l'artiste nous livre là. On ne s'ennuie pas une seconde, tout évolue comme un théâtre farce en totale impro. Alice prouvant par là même que le golf, finalement, peut aussi vous faire complètement perdre la raison. Sans alcool, la fête est plus folle ? Absolument, rien ne vaut un bon green tee.

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