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9 novembre 2011

Alice Cooper live au Zénith de Toulouse (5 Novembre 2011)

Je craignais que la première partie du concert soit une supercherie. Que le groupe choisi pour chauffer la salle soit loin de l’état d’esprit d’Alice Cooper. Je me trompais. Cette soirée-là, l’esprit damné du rock était malicieusement venu hanter le Zénith de Toulouse.

Et pourtant, Alice avait semble-t-il décidé de maudire ses fans. Quelques pas sur le quai du métro et retentit un peu musical « En raison d’un incident sur le réseau, la ligne A sera retardée d’environ 5 minutes». La même une dizaine de minutes plus tard, revue à la hausse puisque le retard sera de 10 minutes, selon la voix résonnante. Qu’à cela ne tienne, il reste le bus... Si ce n’est que ce moyen de transport, lui aussi évidemment, connaît un retard anormal. Qu’à cela ne re-tienne, prenons le métro, qui, une chance, s’était remis à fonctionner normalement.

C’est le ventre comblé par un McDo on the run’n’tramway que nous approchons du Zénith, 30 minutes en avance finalement. Le temps de faire l'emplette d'un T-Shirt de la tournée.
Puis s’éteignent les lumières et le groupe de première partie s’avance sur la petite scène, avec un rideau en fond à leur nom (classe.) : The Treatment, groupe anglais, débute sa setlist un peu en avance de trois minutes (By Jove !). Et c’est avec surprise qu’on s’aperçoit que de un, le son est bandant, et de deux, pour chauffer la salle, c’est un pur groupe de hard qui a été choisi. C’est au total 30 minutes de jeu qui nous sont gracieusement offertes, dont une ballade rock sans l’aspect mièvre du style, quasi non stop. Un son bien pêchu, qui défoule et qui provoque du headbang sec dans la foule ! Ces gars là ont su montrer ce qu’ils savent faire : ça sent le Def Leppard, ça pue le Thin Lizzy, ça guette du côté d’un Aerosmith surboosté, ces gars-là ont fait leur boulot et le concert d’Alice les aura fait connaître en France. Merci les gars !

Après la suée de première partie, les machinistes mettent en place le rideau du Coop. Le No more mister nice guy Tour commence vraiment à Toulouse ! Et là, surprise. Malgré les concerts précédents où nous avions droit à de la bouillamerdouillasse en boîte sans aucun rapport avec le groupe que nous venions voir, les morceaux qui défilent en attendant 20h sont tous du Coop’, une surprise de taille ! Le rideau monte, on aperçoit d’abord un anaconda (évidemment), la tronche d’Alice, en mode zombie (évidemment ?), et un cimetière au premier plan, ben voyons. Les codes du visuel du No more Mr. Nice Guy tour 2011. Après les inévitables balances, la voix de Vincent Price résonne quand les lumières s’éteignent, end of the story. The curtain falls.

La scène est déjà bien plus grande, le rideau qui servait à The Treatment est tombé et Alice, du haut de son Stairway to Hell nous attend, homme-araignée déchaîné. Le décor digne d’un Halloween (un peu en retard) couvre tous les clichés du genre, et c’est dans ce décor lugubre que les premières notes de The Black Widow partent telles une gelée de zombie qui vous colle au corps. On remarquera en parlant de corps celui de la lead guitariste, Orianthi, une blonde certainement triée sur le volet après le featuring foireux de Ke$ha (no rage ! :trollface:), rouge à lèvres dégoulinant parce que bon, c’est pas un concert rigolo les gars hein, un peu de trash fait pas d’mal. Le groupe présent sur scène ne compte pas moins de trois guitaristes, on est définitivement sur un terrain digne de la légende du shock rock !

The Black Widow était une pure réussite, j’adore de façon générale les réarrangements du Coop’ de vieux morceaux des années 70 (Tiens, un Welcome to my nightmare rerecorded serait un projet intéressant après Welcome two, bref), ils retrouvent une seconde jeunesse. Black Widow trouve un côté encore plus vengeur qui lui sied à merveille, et la voix d’Alice n’est pas pour rien dans cette transmutation génétique. Le Coop’ descendant les marches de son festival des Canés, levant ses (huit) bras et jouant avec son bâton, le faisant tournoyer et hop, sous le bras, hop dans la main, hop je te regarde en mode psychopathe, hop et hop et hop et hop ! Une classe d’enfer même avec une mise en scène de majorette. Les titres s’enchaînent, de culte en cultissime, et suit Brutal Planet, pourtant pas transcendante en studio, mais qui devient excellente en live et permet de donner le micro à Orianthi pour les choeurs, et montrer par la même occasion que non, elle ne sait pas seulement exécuter des soli à tomber par terre. Brutal Planet est un morceau qui vous scotche et vous retiendrez longtemps ces « It’s such a brutal planet ! It’s such an ugly world! » que vous aurez lâchés dans un public en pleine frénésie (j’ai déjà commencé à me péter la voix sur ce morceau).

Le cultissime suit avec un quatuor qui fleure bon les Seventies, et on enchaîne après la folie furieuse de Brutal Planet sur I’m Eighteen / Under my wheels / Billion Dollar Babies / No more mr. Nice guy. Autant le dire de suite, je ne me rappelle plus de toute la mise en scène. I’m Eighteen est une tuerie, j’ai lâché ce que je pouvais de tripes à hurler mon âge mental (agrémenté d’une dizaine d’années en plus), et de voir le Coop’ se trimballer avec son habituelle B.B. (bloody béquille) en hurlant « j’ai dix huit ans et j’sais pas c’que j’veux ! », l’ironie de la situation ne m’a pas sauté aux yeux avant qu’on ne me le fasse remarquer. Under my wheels est jouissive, Billion Dollar Babies et le tiré de fleuret à billets du Coop’ (merde, j’aurais bien voulu en récupérer un et voir à quoi ils ressemblent !) tient de l’épique, final épée en main, et No more Mr. Nice Guy bouclait parfaitement le côté nostalgie de ces quatre tubes en puissance. Il va sans dire que les soli étaient géniaux, parfois (souvent) réarrangés, mais en conservant l’atmosphère de l’époque.

Hey Stoopid vient servir de transition, et on peut dire en toute sincérité qu’Alice n’a pas eu grand-chose à faire. Le public chauffé à blanc a scandé le refrain comme un seul homme, ne laissant à Alice que les couplets à chanter, et encore. Un moment mé-mo-rable comme tant d’autres dans cette setlist ! Les morceaux suivants sont tellement vieux qu’on n’en reconnaît plus le début (ou qu’on ne les a plus écoutés depuis des lustres), mais Is it my Body et Halo of Flies s’inscrivent totalement dans le son choisi du live. Retravaillées pour les rendre plus modernes, les mélodies s’intègrent plutôt bien. Les musiciens s’abandonneront d’ailleurs à un jam d’intro plaisant, drum’n’bass (bon dieu, quel duo !) puis guitares. Chuck Garric apprendra d’ailleurs à ses dépens que le public français n’a aucun sens du rythme (U mad ? :trollface:) et verra ses premiers HEY HEY partir dans le vide, aha !

Très courte pause durant laquelle Alice revêt la chemise tachetée (tachetée où ta chemise ?) de sang, avec griffé au dos « I’LL BITE YOUR FACE OFF », totalement attendue (merci, on la voulait !). Il avait raison dans ses précédents morceaux : Alice, You Look Good in Rags. I’ll Bite your Face off prouve bien ce qu’on pensait depuis le départ : ce morceau Rolling Stonien a un potentiel de malaaaaaade. En live, c’est un pur délice. Du rhésus positif pour ta déprime mec. Allez, souris ! T’y arrives pas ? Tiens, voilà un Muscle of love gratuit. Réarrangé évidemment, sinon ce ne serait pas drôle. On s’appelle Alice Cooper ou pas. On fait du live ou du playback. Alice fait, il « ou » pas.

Allez, vu qu’il nous a bien fatigués, qu’on ne recevra sûrement pas une caisse de flotte par canadair, le Coop’ envoie les lacrymales. Only Women Bleed nous fera rire aux larmes, Alice exécutant une valse avec dans ses bras une poupée-cadavre (corpsedoll ?) grandeur nature. Ce morceau aura vu une levée de briquets pas très nombreuse, sûrement les fans d’Alice jouent-ils au golf plutôt que de fumer (ok, maggle). Et comme le mièvre ne lui sied visiblement pas, il continue en maltraitant la poupée tout le long d’un Cold ethyl juste génialissime. Ooooooh, so cooooooold ! Elle aura au moins eu le temps de faire connaissance avec les gratteux sur scène, Alice est très joueur, don’t forget : he’s eighteen ! À noter que le Coop’ s’est pris une méchante suée et que le dos de sa chemise affiche complet en rouge sang déteint.

Vous pensiez que la mise en scène c’était terminé ? Malheureux, vous vous trompiez ! Le morceau suivant nous a tous (je pense) laissé un sourire de psychopathe. Yes, I know you’re hungry. *gargling* And here comes dinner ! Durant Feed my Frankenstein, un staffman déguisé vient placer un mannequin du Coop’ sur la chaise électrique, ira se poster derrière et manipuler les mêmes dispositifs à étincelles que nous avions vus au début du concert (mais en les dissimulant moins bien, le fail !) et pendant que tout le monde regarde la volute de fumée qui s’élève de la chaise, le vrai Alice a disparu (enfoiré de prestidigitateur !). Lorsque la fumée disparaît, il reparaît en Frankoopstein de plus de trois mètres de haut sous les regards de plus de cinq mille personnes et termine le morceau déguisé !

Après cette bouffée de bonne humeur morbide, Alice revient sans déguisement (mais comment fait-il oO) et les premières notes de Clones résonnent. Clones, qui d'ailleurs perd son aspect disco et autant le dire maintenant : c’est pas un mal ! Les deux guitaristes (Tommy Henriksen et Steve Hunter) portent le masque du chanteur et on pourrait croire que cela s’arrêtera là pour la ressemblance. Mais un clone avec la tête d’Alice Cooper s’avance dans le fond de la scène. Puis deux... Puis trois ?! Alice les rejoint et termine le morceau avec eux. Bonheur et grosse poilade assurés.

On attaque la dernière partie du concert avec Poison, pour qui sonne le glam ? Un tube peut-être surestimé, mais qui ne laisse aucun doute sur une scène comme ce Zénith. Suit Wicked Young Man, sûrement un des morceaux les plus graves au niveau des paroles. Don’t remember ? Je vais vous rafraichir la mémoire.

I got every kind of chemical pumpin' through my head
I read Mein Kampf daily just to keep my hatred fed
I never ever sleep I just lay in my bed
Dreamin' of the day when everyone is dead

Convaincus ? C'est sur ce morceau qu’on peut assister à la mort du photographe qui tapait l’incruste quelques morceaux plus tôt avec son appareil, et qui en a trop fait en regardant Alice, le défiant en face-à-face. Il finit planté lors du dernier couplet par ce qui servait de canne au Coop’, fallait pas le chercher.

Pour l’entre-deux, on a enfin droit à la seule mise à mort spectaculaire, la plus française d’entre elles, la guillotine ! Mitterrand a dû aimer. Le bassiste prend le micro sur I love the dead, et Alice revient d’entre les morts pour entonner School’s out, portant une marinière clamant haut et fort « Alice Cooper – 18 – I’m eighteen ». La reprise de Another Brick in the Wall des Pink Floyd (que j’avais oublié !) a tout à fait sa place dans la mélodie de School’s out, ça fait quand même plaisir de pouvoir l’avoir enfin en live !

Le groupe s’en va, mais le rappel est très court. Après un rythme de batterie croissant, le groupe et Alice reviennent, lui en costume argenté et chapeau haut-de-forme. Il prend le micro et explique qu’il est au courant des problèmes en France, à Marseille, à Paris, dans d’autres villes... But I don’t care! Elected est le dernier morceau de la soirée, des ballons géants atterrissent dans la fosse, remplis de confettis! Des serpentins tombent du plafond, Alice nous présente son groupe et s’annonce comme « Monsieure Furnier » avec un accent US à couper au couteau et ils saluent finalement la salle, après une représentation sans fausse note.

Impossible de rester objectif tant tout était là pour nous ravir, la première partie qui fait mouche, les arrangements des vieux morceaux, le groupe, la mise en scène, le décor, les effets de lumière, même les fumigènes. Tout était là pour montrer que ce live était du sérieux. Certes, pas de pyrotechnie lors de cette représentation du théâtre des horreurs de Monsieur Furnier, certes pas autant de mises à mort qu'on ne s'y attendait, mais un son toujours à la hauteur, un mixage équilibré, Alice chantant toujours juste, tout était réussi. Ce concert est un véritable aboutissement pour tout bon amateur de rock américain en France. Un show que les outsiders de tout poil devraient prendre en exemple lors des spectacles à venir...

5 commentaires:

  1. Putain, ca avait l'air terrible à Toulouse !

    On aurait du faire plusieurs dates o/

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  2. TROP! Je te jure que j'aurais pas eu cet agenda compliqué, je serais sûrement allé partout en France XD

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  3. En passant, vu que ça me tue de pas le savoir! Le son était bon au Zézé à Paris?

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  4. On se rattrapera la prochaine fois XD

    J'avais un peu peur à cause de X, mais franchement ouais, il était bon ! Sauf sur la première partie ou ça grésillait un petit peu (mais rien d'inécoutable).

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  5. Au moins une preuve que la salle est cool! ^^

    Si tu passes par le bloug Yosh' (ouh les chevilles), lis la dernière phrase avant le reste \o/

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