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2 décembre 2011

Kuroyume - Headache and Dub Reel Inch

Kuroyume a signé son retour en 2009 avec un live d'exception. Le groupe sort un nouvel album à la couverture et au titre complètement en-deçà de ce à quoi ils nous avaient habitués des années auparavant, qu'en sera-t-il du contenu ? Le retour de SADS s'étant fait bien plus sombre qu'il n'était à la base, le nouveau Kuroyume va-t-il hériter de cette tendance à l'autodestruction ? Visual pur, pop rock, punk ou punk sombre ?

Headache and Dub Reel Inch

L'album s'ouvre sur une intro digne des meilleurs albums de Kiyoharu, un mélange toxique qui vous pèse dès qu'il démarre. Encore une chance qu'il ne dure pas autant que l'expérimentale Experience tirée de Madrigal of Decadence. Enfin, l'un dans l'autre, ce premier album du Kuroyume ressuscité sentait mauvais dès le départ.

L'opus enchaîne sur un morceau digne du nouveau SADS, on a presque l'impression qu'en matière de son punk rock Kiyoharu n'a plus aucune inspiration. Une vraie déception que ce 13 new ache qui ne rappelle pas les belles années du duo... La place où normalement devrait se situer un pur solo de guitare laisse finalement sa place à une rythmbox et un son d'imprimante à la ramasse sur un air électro sur deux notes. Ouais Pérusse, du revival de new age, ni plus ni moins ! Kuroyume est bel et bien passé du côté obscur. Et le pire est bien que cet instant volé dure jusqu'à la fin du morceau... J'ai bien l'impression que je vais me battre pour ne pas zapper chacun des titres de cet album.

La suite est du même acabit : voix lointaine et mécanique, samples électro en guise de transition, basse complètement morne... C'est bien Kuroyume qu'on entend? Non, vous êtes sûrs qu'ils se sont pas plantés au pressage du CD ? 3 pistes et j'ai toujours pas décollé, c'est mal barré cette affaire.

Mal barré? Que non! Car voilà se profiler un morceau intéressant, Someone. Malgré un titre simpliste on se retrouve face à un morceau, toujours répétitif, de 3 minutes et des brouettes, et un solo de basse qui bien que peu inspiré a au moins le mérite de colorer un tant soit peu un album qui jusqu'ici était tout en nuances de gris.

Misery n'a pas réchappé à la sauce SADS et se trouve remixée avec une basse cent fois plus présente que sur le morceau présent en single. Un pur bonheur, les transitions de ligne sont vraiment bien pensées et le son dans des tonalités plus graves apporte un réel plus au titre ! Les envolées lyriques de Kiyoharu m'ont scotché sur mon lit, j'atterrirai jamais. Un tube digne de Shounen, Maria, Spray, j'en passe et des moins bonnes. Aron prend la suite avec moins de punch, elle aussi remixée pour l'album. On sent malgré tout la véritable inspiration Kuroyumesque dans les singles, ne serait-ce qu'au niveau des riffs qui vous parlent un peu plus que les premières daubes (pardon, mais difficile de qualifier autrement ces vagues tentatives de rameuter un public qui n'est pas celui du groupe !) de cet album. La voix toujours intacte (bordel, ne touche plus à ce vocoder ou je fais un malheur !) vous laisse vingt mille lieues dans les airs, les arpèges en fond de morceau elles aussi planantes à souhait participent à la beauté d'Aron, qui s'achève sur un choeur plutôt surprenant.

Pensez-vous que c'en sera fini ? Ahaha, vous faites erreur mon bon ami ! Love me do est de ces titres au riff de base (et de basse) qui rappellent un Like@Angel, c'est dansant, ça swingue, c'est tout bonnement jouissif ! Une vraie réussite que ce morceau, accompagné au niveau du solo de guitare -oui- par un... saxophone ?! Des cuivres, une ligne de basse qui tourbillonne, un solo de guitare potable, une voix qui accroche... Je rêve ? pourvu que rien ne s'arrête, que la suite soit... mais... Mais Born to be wild arrive. Avec une intro qui vous plombe direct votre gramme de plume. La gravité semble m'attirer vers le bas mais... mais...
Fausse alerte. Kiyoharu s'est complètement emparé le morceau original, et malgré des arrangements mi-figue mi-raisin (mi-13 new ache, mi-Aron) l'effet est bien là : une envie de vomir. Un besoin compulsif de zapper. Et on se prend à penser qu'en fin de compte, le reste de l'album ne vaudra pas tripette non plus et qu'on aura eu un court instant de jouissance au milieu. Le morceau qui suit est ridicule à en crever, la ligne de basse rattrape vaguement le carnage et le besoin de changer de CD est toujours là... Une chance, Starlet vient nous tirer de l'apoplexie, on retourne une fois encore aux sources du succès de Kuroyume, avec un morceau qui fleure bon les années 90, malgré un riff de refrain mal bâti qui tombe à plat. On ferme le sac qui contient le bon grain de l'album avec Heavenly, qui change à peine de sa version single : les couplets avec une première moitié Kuroyumesque, une seconde plutôt SADS, un refrain qui nous réconcilie entièrement avec la sensation laissée par le morceau précédent, et un break à classer dans les meilleurs du groupe. Quel dommage qu'il soit le plus court de l'album, hors intro !

Le final de l'album est, n'ayons pas peur des mots, un chef d'oeuvre auquel Kiyoharu ne nous avait plus habitués depuis bien longtemps : une ballade tout ce qu'il y a de plus soi-soi, une voix enfin calmée (on croirait entendre Mellow ou Vinnybeach !), l'esprit Kuroyume retrouvé, apaisé, libéré. Le monstre qui couvait son mal de tête a lâché l'affaire, a pris son Doliprane et est parti se coucher. Bien sûr il fera encore des cauchemars, bien sûr Kiyoharu va pousser sur sa voix et exprimer ses adieux, effectivement... le plus long morceau de l'album est indubitablement le meilleur. Foin de dub, foin d'électro, retour à la vraie recette, celle qui a fait de la carrière solo de Kiyoharu ce qu'elle est : une réussite indéniable. Et après une moitié de massacre, il ne pouvait mieux conclure.

Headache and Dub Reel Inch malgré un titre qui sent la déception et le traitement analgésique est finalement un album en trois-quarts-de-teinte. Malgré un premier quart décevant, le groupe revient enfin à ses racines et montre qu'il est encore capable de compositions à la hauteur. Le fan se sentira forcément floué par cet enchaînement asynchrone, les singles ne nous ayant pas préparés à une telle déception. Mais à l'arrivée du premier single, l'album revient sur une ligne directrice plus intéressante et ne lâchera quasiment pas ce fil rouge. Prenant même le luxe de boucler cet album sur une note d'espoir, Kiyoharu flambe ici toute la scène qui a pu s'inspirer de lui à la fin des années 90. Certes, achever une galette sur un morceau digne d'une carrière solo alors qu'on signe le retour d'un groupe culte, ça sonne un peu hors sujet. Mais l'essence même de la musique est là, prouvant qu'on peut signer son retour après 10 ans en demi-teinte ou moins, pour satisfaire tout le monde bon gré, mal gré.

À écouter absolument :

  • Misery
  • Love me do
  • Heavenly
  • Glass Valley's Oar

À écouter en se curant le nez :

  • Someone
  • Aron
  • Born to be wild
  • Starlet

À écouter sans s'être nettoyé les oreilles pendant un mois :

  • Enter Loop
  • 13 new ache
  • White Lush movie
  • D.P.I.D.C.
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