Pages

31 janvier 2012

Onmyouza - Kishibojin

Onmyouza est de retour avec un nouvel album, sorti peu avant Noël, et c'est sans costume rouge qu'ils nous accueillent pour ce nouveau voyage au pays du heavy metal teinté de folklore nippon. Les derniers albums de la formation révélaient une forte tendance à la répétition et l'autoparodie, quid de la cuvée 2011 ?

Kishi Bojin

Shuushuu introduit cette galette toute fraiche. Une introduction pour le moins inhabituelle au groupe, en fait ; une atmosphère oppressante, brumeuse, qui laisse place quelques secondes après à une mélodie au piano apaisante, dissipant la brume, et qui se libère finalement de tous ses carcans en se livrant tout entière au groupe, Maneki et Karukan toutes guitares en avant. La belle Kuroneko lâche un premier mot dans un soupir, et offre sa liberté à la seconde piste. Une intro qui donne déjà toute sa mesure à un album plein de promesses !

Toujours aussi difficile à classer dans une catégorie, le groupe a mis de l'eau dans son heavy et ressort ses compositions habituelles du placard. Un peu de nappes de synthétiseur en fond, juste assez pour en avoir le goût, et conservant la recette des riffs puissants mêlés de soli mélodieux aux harmonies "ma foi, d'un fort beau gabarit", la pop imprègne Samayoi comme rarement une composition musclée du groupe a pu l'être. Malgré cela Atsushi Kawatsuka, le membre de session qui remplace Tora aux fûts fait preuve de toute la dimension et la puissance de son jeu sans pour autant effleurer la tendresse de la mélodie, et Matatabi impose son jeu de basse sur une corde lors du couplet sans faillir. Une fois n'est pas coutume, l'enchaînement du chant entre Matatabi et Kuroneko est d'une fluidité proche de la perfection et c'est avec grand plaisir qu'on retrouve leurs voix comme deux amis qu'on n'a pas vu depuis trop longtemps.

La mixité n'est pas affaire que de voix dans cet album, et Ubugi nous le démontre en reprenant une architecture à laquelle le fan est habitué depuis très longtemps : cette fois-ci, c'est Kuroneko qui a le champ libre au micro et nous fait profiter de l'étendue de ses capacités vocales. S'ouvrant sur des accords lourds directement liés à ceux qui posaient la fin de Samayoi, ce morceau est en mid-tempo comme à l'accoutumée avec les morceaux où figure Kuroneko. Cependant il ne s'agit d'une ballade que si l'on prête attention à la mélodie portée par sa voix, car à côté de cela un riff lourd rappelle presque le défunt Ronnie James Dio lors de ses expérimentations à la fin des années 80, et les breaks couplet/refrain changent le ton pour passer à une atmosphère moins oppressante où la voix de Kuroneko semble lâcher des questions dans le vent. La présence de nappes de clavecin dans le morceau allège considérablement la lourdeur du riff, et le break est d'un point de vue mélodieux une réussite à laquelle Onmyouza ne nous avait plus habitués en se laissant aller à l'auto-parodie dans leurs précédentes productions.

Des soupirs, un homme semble se laisser posséder. Un riff brutal emporte au loin ce qui pouvait rester d'innocence à la fin du précédent morceau, et la voix de Matatabi résonne au loin. L'atmosphère de Namasu s'alourdit encore un peu et la voix se fait grondante, un growl venu du fond des entrailles, qui s'efface sous la force du chant porté par le soprano de Kuroneko sortie de nulle part. Le refrain se fait menaçant, la voix de la chanteuse sonne comme un reproche, et Matatabi stoppe net toute résistance. Le solo qui enchaîne, rapide comme le vent, rompt directement le morceau à l'apogée de sa fureur, et le riff toujours lourd en sortie laisse place à un Matatabi visiblement bien énervé qui époumonne de dernières malédictions, conduisant la fin du morceau sur un dernier solo de guitare. Inévitablement, le morceau le plus violent de l'album, qui n'est pas sans rappeler certains des morceaux les plus violents de l'album Kyoufu no Restaurant de la formation de Demon Kogure, Seikima-II.

Un piccolo et des enfants. Une atmosphère nippone accentuée par la voix pincée de Kuroneko. Sous ses atours festifs le morceau suivant force l'imagination de l'auteur. On peut voir rien qu'à l'écoute de la première moitié de ce morceau une rue bordée de demeures aux toîts en pagode, un dragon de carnaval défilant dans la rue principale. Mais la foule se tait et un riff se découvre, violent, restant dans les graves, les choeurs scandent comme dans tout heavy qui se respecte des HEY et des HA. Matatabi sort une fois encore de sa tanière comme un démon de sa boîte, et sur quelques mots libère la violence des choeurs qui scandent des imprécations à base de Oni, malgré les efforts de Kuroneko qui tente tant bien que mal de ramener un peu d'esprit de fête au milieu de la folie des démons s'étripant mutuellement sur un mid-tempo d'effroi. Oni kosae no uta ne s'apaisera pas avant sa toute fin, après un solo de guitare sur fond de slap, reprenant pour quelques secondes le modèle de début en conservant la base solide de la seconde partie pour ne pas rompre trop vite avec sa violence.

Dans toute cette rage, l'atmosphère s'apaise subitement. Des nappes de piano au milieu d'une ambiance onirique voient Kuroneko s'élever pour une ballade. Sa voix apaisante pose un cataplasme sur les brûlures des démons d'avant, le synthétiseur se réveille pour donner son atmosphère onirique à Gekkou. Soutenue par une ligne de basse mélodieuse au possible dans la seconde moitié du morceau, ni trop longue, ni trop courte, cette ballade voit un sublime solo de piano ouvrant le deuxième tiers, accompagné d'une ligne de basse que feu Taiji Sawada n'aurait sans doute pas reniée. la voix de Kuroneko nous emporte vers la fin de la chanson, et ouvre la suivante contée par Matatabi. On attaque avec Zakuro to Jubaku la partie la plus longue de l'album, puisque jusqu'ici aucun des morceaux n'avait atteint la limite des 5 minutes. Accompagné d'une guitare sèche et des mêmes nappes de clavier, il vole sa place à Kuroneko pendant une courte minute. Le groupe apparaît ensuite, et Kuroneko refait son apparition, Matatabi expérimentant toujours son jeu au slap, pour ce qui se révèlera un morceau plus meublé que le précédent. Le solo à la guitare acoustique qui lance la seconde partie du morceau est une pure merveille. En fin de morceau, l'ambaiance évolue et se fait semi-apaisante, semi-oppressante via la présence du synthé par trop imposante. Pour un premier morceau long (plus de 7 minutes), cette ballade fait mouche et ne parvient pas à lasser, digne de figurer auprès des ténors du genre.

Le morceau éponyme relance ici l'Onmyouza empreint de violence. L'atmosphère se fait réellement épique, l'orchestre lançant Kishibojin, vite rejoint par le groupe au complet qui impose son atmosphère radicalement heavy. Les guitares se déchaînent, le riff se fait lourd au possible, les cordes en fond portent tout naturellement la voix de Kuroneko encore une fois en opposition totale avec l'atmosphère voulue du riff, et se fait interrogatrice; la réponse ne tarde pas et la chanteuse rejoint l'ambiance voulue lors du refrain. Le solo de guitares est ici la pièce maîtresse du morceau, se découpant en trois parties distinctes. La première rompt avec l'ambiance imposée par le refrain, puis se tait pour laisser parvenir à l'oreille de l'auditeur l'orchestre de cordes qui durant quelques secondes, renforcera le sentiment d'oppression qui l'emplit. La seconde partie en tapping semble l'implorer de fuir à toutes jambes, vite coupée par la dernière partie au médiator. Enfin, le refrain refait son apparition, porté par l'orchestre, la voix de Kuroneko et le groupe au complet, pour se terminer sur un dernier trémolo des cordes vocales de la chanteuse.

Alors là je vais me faire détester mais violemment. Matatabi sonne sur Urami no hate comme ce qu'aurait dû devenir Gackt s'il avait continué sur la voie de LA musique. S'il avait souhaité poursuivre les expérimentations metal. S'il avait daigné suivre l'évolution qu'avait lancé l'album Rebirth, suivie dans une moindre mesure par Crescent, plutôt que de basculer dans le côté obscur de la pop mielleuse et du rock facile. Matatabi lance le morceau sur une base rock posée, vite rejoint par le groupe dans son intégralité qui impose son rythme, et donne de sa puissance au morceau. Rejoint par Kuroneko à l'orée du refrain, le refrain court est suffisamment transcendant pour poser sa propre ambiance, le solo précède un break porté par les voix des deux chanteurs et le refrain s'achève sur un déchaînement du groupe en mode rock à l'ancienne, toute violence dehors, sur un dernier accord de puissance.

Une atmosphère à nouveau pesante, reprise de l'intro de l'album, enchaîne sur une mélodie à la guitare. Power chord, le ton est donné, place au groupe. Moins vif que Urami no hate, on calme le rythme avec ce Michi et on laisse enfin un morceau où Matatabi peut s'exprimer pleinement, aussi bien au micro qu'à son instrument de prédilection, avec une ligne de basse inspirée heavy eighties, tout en transitions dans les parties non-rythmiques. Un morceau presque mid-tempo qui donne envie de prendre une guitare et s'exprimer également, ou simplement de headbanguer avec le sourire (Creepy). Arrivé au tiers du morceau, l'ambiance s'accélère, on tient un morceau progressif. Kuroneko prend le micro pour sa partie, et les deux chanteurs se rejoignent lors du refrain. Le dernier tiers suit l'habituel enchaînement couplet-refrain-solo-break-refrain puisqu'il serait dommage de changer une recette qui vous remplit l'estomac. Un morceau à recommander, définitivement !

Avec Kourui on tient le morceau le plus pop-rock de l'album, malgré une introduction intéressante sous la forme d'une mélodie de guitare enjouée. Ici tout le morceau sera chanté par Kuroneko, comme souvent dans les morceaux qui mènent à la piste finale d'un album d'Onmyo-za. Et comme souvent, c'est une ballade, certes munie d'un solo très mélodieux en guise de transition post-refrain, mais définitivement déjà entendu. La mélodie chantée est presque mélodramatique, et encore une fois, l'orchestre de cordes affirme sa présence sans trop s'imposer. Muni d'un refrain auquel il ne manque rien pour être parfait, et c'est bien là le drame de cet album : il aurait bien pu se terminer sur ce titre et ça n'aurait dérangé personne, tout y est pour finir en beauté ! À la place de cela, il se clôt sur une reprise du choeur d'intro de Oni no kosae uta en plein solo, mêlée à l'atmosphère de l'introduction entendue au début de l'album elle lance le dernier morceau de cette galette pleine de surprises.

L'outro de l'album est un exercice de style bien sympathique, puisqu'elle reprend note pour note l'intro, les mots prononcés dans un soupir, et nous livre la suite du morceau, épique à n'en plus pouvoir ! Après ce soupir la voix de Kuroneko se fait menaçante, s'empare de toute la violence dont était empreint l'album, et enfonce le clou pour de bon en ne laissant à Matatabi pour toute expression que sa basse. Rôle qu'il s'empresse de tenir sans faillir avec une ligne de basse violente et tourmentée à souhait. Ce Kikoku qui clôt l'album en est immanquablement LE meilleur morceau, sinon LE meilleur de tout Onmyouza ! L'album se terminera ainsi sur les mêmes nappes de piano, la même atmosphère oppressante, subitement interrompue, vous laissant sur un nuage d'incompréhension et, il faut l'avouer, une hâte de l'écouter une fois encore, allez, juste une... après j'arrête, promis. Mais la malédiction de ce morceau est un cercle vicieux sans fin et voilà déjà la quatrième fois que je l'écoute... Curse you Onmyouza !

source de l'image : rien, un infâme photomontage fait sous Paint.net à partir des photos livret... j'ai honte.

1 commentaire:

  1. Eh bah pitain, ca donne carrément envie !
    Très belle chronique, y a même un petit mot assassin pour Gackt. Tout est parfait \o/

    RépondreSupprimer